Décarboner l’industrie cimentière de 50% d’ici 2030 est possible
Après l’eau, le béton est la substance la plus utilisée sur terre, mais aussi l’une des plus polluantes. L’un de ses composants, le ciment est responsable de près de 8 % des émissions mondiales de CO2.
Si c’était un pays, le ciment serait le 3ème plus gros émetteur de CO2 après la Chine et les États-Unis. En termes d’émissions, le ciment émet plus que le transport maritime, routier et l’aviation combinés.
Le problème du ciment : le clinker. Entrant dans la composition des ciments traditionnels, le clinker est responsable de 95% de l’empreinte carbone du ciment et de 90% de celle du béton. Le clinker est issu de la cuisson à très haute température (à 1450°C) du calcaire. Si 1/3 des émissions provient de la combustion, 2/3 des émissions viennent de la transformation même de la matière : elles sont donc incompressibles.
Un défi crucial pour l’industrie cimentière
Ecocem, acteur indépendant européen des ciments bas carbone, affiche un objectif clair : apporter des solutions innovantes pour contribuer à la réduction des émissions de CO2 de l’industrie du ciment de 50 % d’ici 2030. Deux leviers principaux sont identifiés pour la décarbonation : la captation des émissions de CO2, et la réduction significative de la proportion de clinker dans le ciment, ce dernier représentant la principale source d’émissions. Depuis sa création en 2000, Ecocem concentre ses efforts sur ce second levier, investissant chaque année 2,5 % de son chiffre d’affaires dans la recherche et le développement de technologies bas carbone.
Ecocem : Une croissance à deux chiffres et des innovations clés en 2023
Cette capacité d’innovation a permis à Ecocem d’enregistrer une solide progression en 2023. Et ce, malgré un contexte de marché difficile marqué par une contraction des ventes de ciments en France. Avec un chiffre d’affaires de 137,7 millions d’euros, l’entité française affiche une croissance de +10 % sur un an et de +32 % sur deux ans. L’effectif en France a également suivi cette tendance, avec une augmentation de plus de 11 % sur la dernière année.
ACT : Une innovation de rupture
La technologie ACT (Advanced Cement Technology) représente une avancée majeure dans la réduction de l’empreinte carbone du ciment. ACT permet de diviser par trois la part de clinker dans le ciment, passant de 75 % à moins de 30 %, tout en garantissant des performances équivalentes aux ciments traditionnels. Les tests confirment que cette innovation réduit de 70 % l’empreinte carbone du ciment par rapport à la moyenne française, tout en assurant une excellente durabilité et maniabilité du béton.
ACT anticipe également les exigences de la RE2020, la réglementation environnementale française. Depuis son lancement, ACT a franchi plusieurs étapes significatives :
- Obtention de l’Evaluation Technique Européenne (ETE) en début 2024.
- Dépôt de six brevets entre 2021 et 2022.
- Récompensée à six reprises par des experts internationaux.
- Première application réussie sur des chantiers pilotes en France.
Partenariats stratégiques pour l’industrialisation d’ACT
Ecocem s’est entouré de partenaires solides pour déployer ACT à grande échelle. Cemex France et Point P (Groupe Saint-Gobain) figurent parmi les acteurs ayant intégré cette technologie dans leurs unités de production. En juin 2024, ACT a été utilisé avec succès lors du projet MELIADES d’Urbis, filiale de Bouygues Immobilier, à Saint-Jean-de-Védas.
Cap sur l’industrialisation massive d’ACT
Ecocem se prépare à l’industrialisation d’ACT à partir de son site de Dunkerque, avec un objectif de production de 300 000 tonnes par an dès 2026. Cette production renforcée, réalisée en partenariat avec CB Green via la joint-venture CALI SAS, permettra d’approvisionner le marché du nord de la France, y compris l’Île-de-France, ainsi que les marchés à l’export.
Ce projet stratégique marque un tournant dans l’ambition d’Ecocem : décarboner l’industrie du ciment à l’échelle industrielle, tout en respectant les trajectoires fixées par les accords de Paris.