TRIBUNE – Rénovation énergétique des copropriétés : un parcours semé d’embûches
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La rénovation énergétique des bâtiments est un enjeu crucial de notre époque, et les copropriétés représentent un potentiel d’amélioration considérable. Pourtant, le passage à l’acte reste timide, entravé par une complexité administrative et technique décourageante.
Le parcours type d’un projet de rénovation énergétique dans une petite ou moyenne copropriété est souvent long et sinueux, même lorsque tout se déroule sans accroc majeur. Il faut en moyenne 46 mois, soit près de quatre ans, pour mener à bien un tel projet, de l’étude énergétique initiale à la réception des travaux et au déblocage des aides.
Plusieurs étapes critiques jalonnent ce parcours, avec des risques d’enlisement à chaque étape. Le manque de coordination entre les acteurs est un problème récurrent : le bureau d’études, le maître d’œuvre, l’assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) et les entreprises de travaux peinent à coordonner leurs actions, ce qui entraîne des retards et des surcoûts. Le manque d’anticipation des contraintes techniques et financières est également fréquent : les études préalables sont souvent incomplètes, ce qui conduit à des surprises et des ajustements en cours de chantier. Les entreprises de travaux, insuffisamment associées en amont, peuvent également soulever des difficultés de coûts ou de faisabilité.
La complexité administrative et financière constitue un autre obstacle majeur : les procédures de demande de subventions sont lourdes et les délais de versement sont longs. Le risque de non-respect des exigences administratives et techniques peut entraîner un blocage des aides, laissant les copropriétaires désemparés.
Ces difficultés pratiques s’ajoutent à des obstacles de fond, liés à la nature même de la copropriété. Il est souvent difficile de mobiliser une majorité de copropriétaires autour d’un projet de rénovation énergétique. Les intérêts divergents et les craintes liées aux coûts peuvent être un frein majeur à l’engagement collectif. Le rôle parfois insuffisant des syndics est également pointé du doigt : les syndics, qui gèrent la plupart des copropriétés, manquent parfois de compétences ou de temps pour accompagner efficacement les projets de rénovation énergétique. L’inadaptation des dispositifs de soutien constitue un autre frein : les aides publiques sont souvent orientées vers les grandes copropriétés en chauffage collectif, laissant de côté une part importante du parc immobilier.
Pour surmonter ces obstacles, il est nécessaire d’agir à plusieurs niveaux. Il est impératif de simplifier les procédures : réduire les délais de traitement des demandes de subventions, harmoniser les exigences administratives et techniques, et mettre en place un interlocuteur unique pour chaque projet. Il est également essentiel de renforcer l’accompagnement des copropriétaires et développer des outils pour aider les syndics à mener à bien leurs projets de rénovation énergétique, et encourager le recours à des AMO compétents et indépendants.
Par ailleurs, il est crucial d’adapter les aides publiques : mieux cibler les aides en fonction des spécificités des copropriétés, en tenant compte de leur taille, de leur situation géographique et de leurs besoins.
La rénovation énergétique des copropriétés est un chantier immense, mais indispensable pour atteindre nos objectifs climatiques et améliorer le confort et le pouvoir d’achat des Français. Il est temps de lever les blocages qui freinent son développement et de mettre en place une politique plus ambitieuse et plus adaptée aux réalités du terrain.
Tribune écrite par Philippe Benquet, Président d’Acorus.